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10 décembre 2024, 18h - Le Dorothy (20e). J'irai débattre près de chez vous

Photo du rédacteur: Paris CollectifParis Collectif

Le 10 décembre 2024, à 18h, le groupe local du 20e de Paris Collectif organisait un nouveau "J'irai débattre près de chez vous" au Café-atelier associatif Le Dorothy (85 bis, rue de Ménilmontant - 11e).


Après une présentation de la démarche aux participant.e.s, la soirée a été l’occasion de revenir avec eux sur leurs constats, leurs aspirations et des pistes d’action pour les réaliser, tels qu’ils sont retranscrits ci-dessous.


Si vous aussi, vous souhaitez contribuer au développement de la démarche de Paris Collectif dans le 20e, rejoignez le groupe local du 20e et sa boucle WhatsApp (https://chat.whatsapp.com/IlZslmfpFa1ErK3WSxE3L2) et contactez les co-référent.e.s du groupe local 20e, Carmen Bouley de Santiago (06 63 61 64 88) et Emmanuel Reix (06 78 54 15 32).


I. Constats sociaux et urbains : Un portrait nuancé de la capitale


1. Transformations urbaines et gentrification

La métropole parisienne a connu des mutations profondes depuis plusieurs décennies. Un processus de gentrification s'est progressivement installé, transformant radicalement la physionomie sociale des arrondissements. Les témoignages convergent pour souligner une transition d'un Paris populaire vers un espace urbain de plus en plus élitiste, initiée sous les mandatures successives et poursuivie par différentes administrations municipales.

Cette transformation se manifeste de manière particulièrement visible dans l'évolution sociale des quartiers. Où résidaient autrefois des populations ouvrières et des classes populaires s'installent désormais des classes moyennes et supérieures, modifiant en profondeur les dynamiques sociales et économiques des différents arrondissements. La hausse significative des coûts immobiliers et du coût de la vie a mécaniquement écarté les populations les moins aisées, créant une forme de sélection sociale par l'économie.


2. Précarité et logement : Un défi majeur


Conditions de logement : Les participants décrivent des situations de grande fragilité résidentielle. Le logement apparaît comme un enjeu crucial, dépassant la simple question de l'accès pour interroger sa qualité et son habitabilité. Les témoignages révèlent des réalités complexes et douloureuses : des appartements considérés comme de véritables passoires énergétiques, nécessitant des travaux complexes et coûteux, des locataires confrontés à des difficultés insurmontables pour réaliser des aménagements élémentaires.

Ce sentiment de précarité résidentielle génère un stress permanent, où le logement n'est plus vraiment perçu comme un espace de vie et de protection, mais comme une source constante d'inquiétude. Les habitants expriment un sentiment d'impuissance face à des conditions de vie qui se dégradent, sans réelle perspective d'amélioration.


Hébergement d'urgence et conditions d'accueil : Les dispositifs d'hébergement sont critiqués pour leur approche bureaucratique et déshumanisante. Les personnes en situation de vulnérabilité rapportent des conditions d'accueil qui relèvent plus du contrôle que de la solidarité : les structures sociales sont décrites comme des espaces de surveillance où les individus doivent constamment justifier leur situation, perdant ainsi une partie de leur dignité.

Ces mécanismes institutionnels créent une double peine : à la précarité matérielle s'ajoute une précarité psychologique, où l'individu est réduit à un dossier, à une situation administrative, plutôt que reconnu dans sa singularité et sa dignité humaine.


3. Fractures sociales et discriminations


Fragmentation sociale : Un constat fort émerge : la ville est devenue un espace de coexistence sans réelle mixité. Les différents groupes sociaux semblent vivre côte à côte sans véritablement se rencontrer, à l'image de deux mondes parallèles qui ne communiquent plus. Cette « ségrégation » de fait se manifeste par des mécanismes subtils mais efficaces de mise à distance : choix des lieux de vie, des écoles, des espaces de loisirs.

Les populations les plus précaires développent des stratégies de repli communautaire comme mécanisme de survie et de protection. La solidarité se rétrécit alors à l'échelle de micro-communautés, reflet d'un tissu social qui se déchire progressivement.


Dynamiques migratoires et discriminations : Les personnes issues de l'immigration témoignent de difficultés spécifiques qui révèlent les mécanismes profonds de discrimination. Au-delà des inégalités juridiques explicites, se jouent des processus plus insidieux de mise à l'écart : difficultés d'accès à l'emploi, au logement, stigmatisation sociale.

Le risque de désignation comme boucs émissaires devient un horizon permanent, où l'altérité est perçue non comme une richesse mais comme une menace potentielle.


4. Emploi et précarité économique


Difficultés d'insertion professionnelle : Les demandeurs d'emploi décrivent un environnement particulièrement hostile. Les institutions censées faciliter l'insertion deviennent paradoxalement des machines à décourager : procédures complexes, contrôles répétitifs, sentiment d'infantilisation. La recherche d'emploi se transforme en parcours du combattant administratif où l'individu perd progressivement confiance en ses capacités.

Ces mécanismes peuvent conduire à des stratégies de survie alternatives, parfois en marge des cadres légaux, traduisant l'impossibilité de trouver sa place dans un système perçu comme structurellement inéquitable.


Pauvreté et invisibilité sociale : Les témoignages révèlent une réalité complexe de la précarité contemporaine. Ce ne sont plus seulement des populations marginales qui sont concernées, mais désormais des travailleurs, des retraités, des individus auparavant considérés comme intégrés. La pauvreté change de visage, devenant plus diffuse, plus invisible, mais tout aussi destructrice.


II. Perspectives et propositions citoyennes


1. Mettre en oeuvre les lois existantes en matière de droit au logement : L’une des priorités exprimées concerne la mise en œuvre effective des lois existantes en matière de logement.

Les participants demandent la réquisition des logements vides pour les mettre à disposition des sans-abris ou des mal-logés, en mobilisant les pouvoirs du préfet.

Une attention particulière doit être portée à l’état des hébergements d’urgence et des hôtels sociaux, qui devraient être contrôlés rigoureusement pour garantir des conditions de vie dignes.

Les participants demandent également davantage de transparence dans l’attribution des logements sociaux. Ils souhaitent que les délais réels soient communiqués afin d’éviter des attentes trompeuses.


2.2. Refonder les politiques sociales au service de la dignité de chacun.e et de la lutte contre la pauvreté : Pour favoriser une meilleure cohésion sociale, il est proposé de réduire les barrières administratives qui entravent l’accès aux aides sociales, notamment pour le logement, l’alimentation et l’habillement.

Les participants plaident pour la création de lieux de vie conviviaux, notamment dans les restaurants sociaux, afin qu’ils deviennent des espaces de partage et de lien social plutôt que des lieux de stigmatisation.

Ils recommandent également des incitations fiscales pour encourager les dons de nourriture et de vêtements par les entreprises et les particuliers. Ces initiatives pourraient inclure la distribution de paniers alimentaires ou de vêtements gratuits pour les plus précaires. D’ailleurs, s’agissant spécifiquement du droit à une alimentation digne, les participants demandent une amélioration notable de la qualité des repas servis dans les associations et les restaurants sociaux. Ces lieux doivent offrir une nourriture saine et nutritive, tout en respectant les droits des usagers.

Concernant l’énergie, une augmentation du chèque énergie est proposée pour soutenir les foyers les plus précaires face à la hausse des coûts.

Enfin, l’objectif à long terme devrait être de permettre à chaque citoyen d’accéder à un revenu stable et à un emploi, contribuant ainsi à réduire les inégalités et à renforcer l’inclusion sociale.


3. Instaurer des sanctions incitatives pour la propreté et civisme : Les habitants proposent l’instauration de sanctions incitatives, similaires à celles appliquées en Suisse, pour lutter contre les comportements inciviques tels que les crachats, les détritus abandonnés et les crottes de chien. Ils appellent à une responsabilisation collective pour maintenir la propreté des espaces publics et promouvoir le respect des lieux communs.


4. Améliorer la transparence et faciliter une gouvernance participative : Les participants insistent sur l’importance d’une gouvernance plus transparente et responsable. Ils souhaitent que les élus et les associations subventionnées soient soumis à une obligation de résultats, avec des bilans publics sur l’utilisation des fonds alloués.

Enfin, les habitants demandent à être davantage associés aux décisions municipales. Ils proposent de mieux identifier les besoins des citoyens avant de voter des projets, pour garantir que les actions entreprises répondent réellement aux attentes locales.


Conclusion : Les échanges entre participant.e.s témoignent d’une capitale qui n'est plus seulement un espace géographique, mais un territoire de tensions, de transformations, où coexistent des dynamiques de mutation urbaine, des défis sociaux majeurs et une aspiration collective à plus de justice, de transparence et de dignité. La ville se dessine comme un lieu de possibles, à condition de réinventer collectivement nos modes d'habiter, de vivre ensemble, de se reconnaître mutuellement dans notre humanité.

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