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Photo du rédacteurParis Collectif

2 mai 2024, 10h30 - Centre social et culturel Danube (19e). J'irai débattre près de chez vous dédié aux Seniors

Pour notre onzième j’irai débattre près de chez vous, nous avions la chance d’être accueilli par le Centre social et culturel Danube, à l’occasion du Café des Seniors hebdomadaire. L’opportunité d’échanger de manière conviviale et à bâtons rompus avec une quinzaine de seniors du 19e sur leurs observations et ressentis sur la vie dans leur quartier et à Paris en général. Leurs témoignages reflètent une affection sincère pour leur ville, malgré les défis qu’ils rencontrent au quotidien.


Les défis d’une ville en mutation


Sentiment d’insécurité, saleté et incivilités


Samia, retraitée et parisienne de longue date, ouvre la discussion. Elle se souvient de l'évolution de Paris avec une certaine mélancolie. Née à Antony et ayant habité divers arrondissements, elle observe les changements avec un regard critique mais tendre. "Paris, c’est une ville que j’ai vu évoluer," dit-elle. Cependant, en vieillissant, la ville lui paraît moins sûre. Habitant maintenant à Stalingrad, elle constate la présence inquiétante des utilisateurs de drogues, changeant son rapport à la ville. "En tant que femme et en vieillissant, j’ai désormais peur de sortir. Avant, je n’avais pas peur. Maintenant, tout a changé. » Elle se demande si cette peur provient de ses propres perceptions ou d'une véritable dégradation de la sécurité.

La propreté de la ville est une autre source de déception pour Samia. Samia déplore la gestion des ordures ménagères : « Paris est sale. Personne ne trie. »

Malgré cela, elle affirme avec un sourire : "Mais j’aime beaucoup Paris, c’est beau !"


Sabrina, arrivée d'Algérie il y a vingt ans, exprime également son malaise face à l'évolution de la ville. « Avant, on sortait à toute heure sans souci. » Aujourd’hui, elle ressent le besoin de changer de vêtements chez une amie avant de sortir en soirée pour éviter les regards insistants. Elle critique la concentration des populations similaires dans certains quartiers, évoquant une forme de ghettoïsation : « Je me sens à Paris dans le 15e, le 16e, etc., mais pas dans le 18e, le 19e ou le 20e. »


Cathy partage le sentiment d'insécurité exprimé par Sabrina et Samia. Également retraitée, elle a dû déménager du 13e au 19e arrondissement en raison de sa situation financière. Elle remarque des changements sociaux importants. « Ce que j’ai surtout vu bouger, c’est la mentalité : la société a changé. » Elle voit des évolutions positives, comme l’ouverture de la parole grâce aux mouvements comme Me Too. Mais, elle est aussi préoccupée par l'insécurité croissante : « La violence a monté. La police et la justice semblent avoir baissé les bras. J’ai un peu peur : je reste sur mes gardes. »        Comparant les arrondissements, elle évoque la discrétion des communautés asiatiques du 13e, contrastant avec la diversité plus visible du 19e. Cathy, comme Samia, perçoit un manque de civilité qui touche toutes les générations. Elle admet ne pas s’investir dans la vie de quartier par peur des réactions.


Paupérisation et inégalités sociales


Cathy poursuit les échanges en regrettant la paupérisation croissante de certains quartiers, déplorant l’inaction des autorités. « Dans le 19e, c’est plus paupérisé qu’ailleurs. On s'habitue, mais ça change. » Elle souligne une « ségrégation » sociale où les populations spécifiques se retrouvent concentrées dans des quartiers spécifiques, accentuant les inégalités.


Cette absence de mixité sociale est une source d’inquiétude pour les participants. Sabrina remarque que les quartiers deviennent de plus en plus homogènes culturellement et économiquement. « A Paris, on a mis les « français de souche » dans certains arrondissements ; les « français d’Algérie », on les a concentrés dans des territoires. Si j’avais le pouvoir, dans les HLM, je ferais de la véritable mixité : les HLM sur les Champs-Elysées, c’est pour les blondes aux yeux bleus ou verts. »


Désertification commerciale, déclin des services publics et fracture numérique


Cette inaction des pouvoirs publics avait déjà été évoqué plus tôt par Jean, habitant du quartier depuis 42 ans. Il avait commencé par exprimer son amour pour Paris malgré ses défauts : « J’adore Paris, mais c’est de pire en pire », dit-il. Puis il avait déploré la disparition progressive des commerces locaux dans le quartier : « Il n'y a plus de commerces dans le quartier. Les librairies ferment, les banques partent. » Et de critiquer l’inaction des politiciens : « On a le droit de parler, mais ils s’en foutent et rien ne change. »


Cette frustration est partagée par divers participants, qui reviennent sur la désertification commerciale, le déclin des services publics et la fracture numérique.


Mireille, bénévole au Centre social et membre du Conseil de quartier, parle de la désertification commerciale du quartier Danube, rendant la vie difficile pour les seniors.


Nasredine regrette que les commerces reflètent trop l’identité du quartier, limitant la diversité des offres ; il doit se déplacer dans d’autres arrondissements pour trouver des produits de qualité.


Myriam, à Paris depuis 50 ans, et Keria ont signalé la fermeture de nombreux services publics, créant des zones désertiques en termes d'infrastructures essentielles. « Il n’y a même plus de bureau de poste », déplore Myriam. Cette situation complique la vie quotidienne des habitants, particulièrement des seniors, qui doivent se déplacer à l’autre bout de l’arrondissement pour accéder aux banques et bureaux de poste.


Cathy et Françoise en profitent pour partager leurs difficultés croissantes, en tant que seniors, dans leurs démarches administratives, qui sont de plus en plus digitalisées. « La fracture numérique m'a mise au banc de la société », confie Cathy. Françoise ajoute que sans l'aide de personnes compréhensives, elle serait perdue face aux démarches en ligne.


Mireille conclut alors cette partie de l’échange en insistant sur l'importance de l'implication des habitants dans leur quartier à travers les conseils de quartier et les associations.


Mobilité et transports


Dernier défi abordé par les participants : la mobilité pour les personnes âgées. Samia et Mireille ont souligné les difficultés à accéder aux transports en commun pour les personnes à mobilité réduite. « Lorsqu’on perd en mobilité, la ville n’est pas adaptée », regrette Samia.

 

Propositions pour l’avenir


Après avoir identifié ces divers défis, la quinzaine de Seniors a esquissé X priorités d’action pour l’avenir afin que le 19e arrondissement devienne plus agréable et inclusif.


1. Revitalisation des commerces : Jean et Nasredine ont proposé de revitaliser les commerces de proximité pour diversifier l'offre et mieux répondre aux besoins des habitants. « Il faut des commerces qui nous intéressent, comme du bon pain et de la viande tracée », dit Nasredine.


2. Maintien et amélioration des services publics : Myriam a suggéré de rouvrir le bureau de poste de l’avenue Jean Jaurès, et, plus généralement, Huguette a demandé la réouverture de certains services comme les centres médicaux et les kiosques à presse. « Comblons ces trous créés par la dévitalisation », insiste une dame arrivée au cours de l’échange.


3. Propreté et gestion des déchets : Cathy et cette dame arrivée au cours des échanges ont souligné la nécessité d'améliorer la propreté du quartier. « On a des containers pour trier, mais toutes les poubelles sont mélangées », note cette dernière.


4. Accessibilité des transports : Samia et Huguette ont insisté sur la nécessité de rendre les transports en commun plus accessibles aux personnes à mobilité réduite. « Dans les autres grandes villes en Europe, c’est accessible. Pourquoi pas ici ? » demande Samia.         


5. Favoriser la mixité sociale dans les logements HLM : Sabrina a proposé de favoriser la mixité sociale dans les logements HLM pour éviter la concentration de certaines populations dans des quartiers spécifiques. « Il faut une véritable mixité. »


6. Lutte contre les toxicomanies et renforcement de la sécurité : Sabrina a recommandé des actions pour faire disparaître les problèmes de drogue dans l’espace public et renforcer la sécurité : « Cela nous permettrait de nous réapproprier les espaces publics. »     


7. Lutte contre la fracture numérique : Cathy et Françoise ont suggéré de mettre en place des initiatives pour réduire la fracture numérique, en proposant des formations et des accompagnements pour les seniors. « Il faut des centres sociaux pour aider les gens », dit Cathy.


8. Engagement citoyen et solidarité : Mireille a encouragé les habitants à s'investir davantage dans les initiatives locales et à renforcer la solidarité au sein du quartier. « La solidarité, c'est la clé. »

 

Conclusion


Les discussions ont révélé un attachement profond à Paris et au 19e arrondissement malgré les nombreux défis rencontrés. Les participants du Café Seniors du Centre social et culturel Danube ont exprimé une volonté de voir des actions concrètes pour améliorer la sécurité, la propreté, l'accessibilité et la mixité sociale. La revitalisation des commerces et des services publics, ainsi que la lutte contre la fracture numérique, ont également été identifiées comme des priorités pour l'avenir. Les participants espèrent que ces propositions pourront transformer leur quartier en un lieu plus agréable et inclusif.


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