Le 23 janvier, Paris Collectif a organisé un atelier « J’irai débattre près de chez vous » à la ressourcerie La Poulpe, située dans le 18e arrondissement.
Les participants représentaient une diversité d'acteurs du territoire : habitants de longue date du 18e (certains présents depuis plus de 40 ans), militants associatifs, élus locaux, urbanistes et travailleurs sociaux. Cette diversité a permis d'enrichir les échanges avec des perspectives variées sur les enjeux du quartier et de la ville.
État des lieux et diagnostic
La question du logement est apparue comme une préoccupation majeure pour les participants. Le 18e arrondissement connaît depuis plusieurs décennies une forte spéculation immobilière qui rend l'accès au logement de plus en plus difficile. Cette situation affecte particulièrement les familles qui, faute de pouvoir se loger décemment, sont contraintes de quitter Paris. Le phénomène de gentrification transforme progressivement la composition sociale des quartiers, même si la présence importante de logements sociaux permet encore de maintenir une certaine mixité.
Le tissu social et commercial du quartier s'est également profondément transformé. Les participants ont souligné la disparition progressive des commerces de proximité traditionnels, remplacés soit par des enseignes plus haut de gamme, soit par des commerces de restauration rapide. Cette évolution s'accompagne d'une diminution des lieux de rencontre et de convivialité, particulièrement regrettée dans un arrondissement historiquement caractérisé par sa vie de quartier dynamique.
La dégradation de l'accès aux services publics constitue un autre enjeu majeur. Les habitants constatent des difficultés croissantes dans leurs démarches auprès de la CAF, de la Poste ou des centres de santé. La réduction du nombre d'agents publics et la numérisation des services créent des situations de tension et d'exclusion. Le manque d'équipements pour la jeunesse est particulièrement pointé, avec la disparition progressive des espaces jeunes et des structures d'accompagnement.
La question de la démocratie participative révèle un paradoxe : alors que les dispositifs de consultation se multiplient, la participation effective des habitants diminue. Les conseils de quartier, autrefois très fréquentés, peinent aujourd'hui à mobiliser. Ce désengagement traduit un manque de confiance dans les institutions et une difficulté d'accès à l'information sur les consultations publiques.
Propositions pour l'avenir : Face à ces constats, les participants ont formulé plusieurs propositions structurantes.
En matière de logement et d'urbanisme, l'accent est mis sur le développement des coopératives d'habitants et le renforcement de la préemption par la mairie pour maintenir des commerces diversifiés. La question des "passoires thermiques" est identifiée comme prioritaire, nécessitant des solutions rapides pour les habitants concernés.
Pour revitaliser la vie sociale, la création de Maisons France Services dans les quartiers et le développement de tiers-lieux véritablement inclusifs sont préconisés. Le renforcement du réseau d'éducateurs de rue et la réimplantation d'équipements de jeunesse (MJC, espaces jeunes) apparaissent comme des priorités pour recréer du lien social.
La rénovation de la démocratie locale passe par plusieurs innovations proposées : l'instauration de congés citoyens pour permettre une participation effective à la vie démocratique, la refonte des modalités de consultation pour impliquer les habitants en amont des projets, et le développement d'actions de formation aux enjeux urbains et démocratiques.
Enfin, le développement de l'économie sociale et solidaire est vu comme un levier important de transformation. Les participants proposent d'encourager la création de coopératives de travail, de soutenir les initiatives locales et de favoriser les circuits courts et le commerce de proximité.
Conclusion : Cet atelier a démontré la nécessité d'une approche globale et coordonnée des enjeux du 18e arrondissement. La préservation de la mixité sociale, la revitalisation des services publics et le renforcement de la démocratie participative apparaissent comme des conditions essentielles pour maintenir et développer la qualité de vie dans le quartier. La réussite de ces initiatives repose sur une véritable co-construction avec les habitants et une approche territoriale adaptée aux spécificités locales.
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