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Photo du rédacteurParis Collectif

25 novembre 2024, 19h - J'irai débattre près de chez vous à la Cave Café (18e)

Le lundi 25 novembre 2024, pour sa soirée de lancement, le groupe local du 18e organisait un « J’irai débattre près de chez vous » à la Cave Café (134, rue Marcadet – 18e).

Une vingtaine de participant.e.s, aux profils divers (habitants du 18e arrondissements, adhérents du Club de pétanque « Le Clap » et militants politiques de gauche), se sont ainsi retrouvés pour débattre pendant près de deux heures.

Cette rencontre de proximité, conçue comme un espace d’échange et de réflexion collective, a permis d’aborder les mutations profondes que connaît le territoire et d’explorer des pistes d’action pour un avenir plus inclusif, écologique et solidaire.

L’assemblée a mis en lumière les transformations sociales, économiques et urbaines de l’arrondissement, tout en faisant émerger des propositions concrètes pour préserver son identité et son tissu communautaire.


I. Constats et besoins : repenser le lien social dans un arrondissement en mutation


1. La disparition d'espaces associatifs : symbole d'une ville mercantile

Le Clap, club de pétanque emblématique du 18e arrondissement depuis 53 ans, a été au cœur des discussions. Sa fermeture au profit d'un projet touristique, géré par un hôtel de luxe, cristallise les tensions autour de l'évolution de Paris. Ce lieu, qui rassemblait plus de 300 adhérents de tous horizons, représentait bien plus qu'une simple activité sportive : c'était un espace de mixité sociale intergénérationnelle et un pilier de la vie associative. La pression immobilière et touristique, ainsi que le manque de considération pour ces lieux de lien social, illustrent une politique municipale axée sur le profit plutôt que sur la communauté.


2. Gentrification et fractures sociales

Le 18e arrondissement connaît une transformation profonde. Jadis populaire, il voit aujourd'hui une montée des prix des loyers, des commerces et des activités de loisir, rendant la vie difficile pour les classes modestes et les retraités. Ces derniers, confrontés à une hausse générale du coût de la vie, quittent massivement Paris, privant le tissu associatif de ses acteurs historiques. Cette dynamique de gentrification, associée à une offre commerciale orientée vers le tourisme et les classes aisées, érode l'identité du quartier et creuse les inégalités. Des lieux autrefois inclusifs, comme la Recyclerie, sont désormais perçus comme inaccessibles aux habitants.


3. Fractures scolaires et territoriales

Les participants ont souligné une disparité criante entre les quartiers du 18e. Si certains secteurs, comme la Goutte d'Or, sont riches en activités culturelles et sportives, d'autres, tels que Montmartre, se distinguent par leur orientation touristique et leur isolement social. La carte scolaire, sans cesse modifiée, amplifie ces fractures : des familles évitent le public pour se tourner vers le privé, nourrissant ainsi une ségrégation invisible mais palpable. Les habitants du sud de l'arrondissement, notamment autour de Barbès, évoquent une "frontière" qu'ils franchissent rarement, faute d'initiatives pour créer des ponts entre les différents quartiers.


4. Vie quotidienne : une ville de plus en plus inhospitalière

Dans leur vie quotidienne, les habitants se heurtent à des obstacles variés : densité de la population, manque d'espaces verts, absence d'activités gratuites pour les jeunes et les seniors, et désertification des bars et restaurants accessibles, qui jouaient autrefois un rôle clé dans la cohésion sociale. Les témoignages mettent en lumière un sentiment d’abandon par les élus et une bureaucratie perçue comme inefficace, voire sourde aux besoins des habitants.


II. Perspectives et priorités d’action : bâtir un 18e inclusif et solidaire


1. Sauver le Clap : un symbole à préserver

La sauvegarde du Clap s’impose comme une priorité pour de nombreux participants. Sa réouverture représenterait un geste fort en faveur de la mixité sociale et du retour des associations au cœur de la vie de quartier. Ce lieu emblématique pourrait servir de point de départ pour réinventer des "villages urbains", où tous les habitants, quel que soit leur âge ou leur condition, trouvent leur place.


2. Repenser les politiques municipales : pour un pouvoir d’agir citoyen

Certains intervenants appellent à une démarche de "communalisme", où les habitants reprennent le contrôle sur les décisions locales. Cela passe par une meilleure démocratie participative et des réunions publiques inclusives. Des initiatives comme la gratuité des transports en commun pourraient non seulement améliorer la mobilité, mais aussi favoriser une réintégration des populations les plus modestes dans le tissu urbain.


3. Lutter contre la gentrification et promouvoir la mixité

Face à la montée des inégalités, il est crucial de préserver des logements sociaux dans l’arrondissement et de réguler les activités commerciales pour éviter une homogénéisation sociale. Des propositions émergent pour renforcer les liens entre les quartiers : des fêtes de village, des activités transversales (comme des rencontres sportives ou culturelles), et une meilleure coordination entre les associations. Les participants souhaitent que Paris ne devienne pas une "ville-musée" inaccessible aux classes populaires, à l’image de certains arrondissements centraux.


4. Créer des espaces inclusifs et accessibles

Enfin, le besoin d’espaces extérieurs non marchands, où les habitants peuvent se retrouver, est unanimement reconnu. Il s’agit de développer des projets associatifs inclusifs, comme des frigos solidaires, des jardins partagés, ou encore des activités gratuites pour les jeunes et les seniors. Ces lieux, loin de la logique commerciale, contribueraient à recréer du lien entre les habitants et à redonner un visage humain au 18e.


Cette réunion citoyenne a mis en lumière une aspiration commune : réinventer un 18e arrondissement où la solidarité, l’inclusivité et le lien social reprennent leurs droits face aux logiques marchandes. Si les constats dressés sont préoccupants, les idées exprimées témoignent d’une volonté collective de préserver l’identité du quartier face aux logiques marchandes et à la fragmentation territoriale.

Les participants appellent à une mobilisation citoyenne et à une prise en compte effective des besoins locaux par les décideurs. Ensemble, ils esquissent les contours d’un modèle urbain qui met l’humain, la solidarité et l’écologie au cœur de son développement.

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