Le jeudi 29 novembre, Paris Collectif a organisé un deuxième atelier thématique sur la santé réunissant des acteurs clés du secteur : représentants de Centres de santé associatifs, Médecins du Monde, France Assos Santé et le Réseau environnement Santé ainsi qu’un expert en gériatrie. Cette rencontre s'inscrit dans une démarche de consultation citoyenne visant à construire des propositions concrètes pour les municipales.
Les cinq grands enjeux identifiés
1. Santé environnementale
La situation sanitaire à Paris révèle des préoccupations majeures en matière de santé environnementale. La ville est particulièrement touchée par une surincidence du cancer du sein, avec un taux dépassant de 15% la moyenne nationale. Cette situation est d'autant plus alarmante que la France est devenue le premier pays au monde en termes d'incidence de cette pathologie. Les études ont identifié 920 substances, notamment des perturbateurs endocriniens, ayant un impact direct sur le développement de ces cancers. L'exposition pendant la grossesse s'avère particulièrement critique, avec des effets transgénérationnels documentés. Cette problématique s'inscrit dans un contexte plus large de contamination chimique, de pollution atmosphérique et d'exposition professionnelle, notamment liée au travail de nuit.
2. Accès aux soins de proximité
L'accès aux soins de proximité est menacé par la fragilisation croissante des centres de santé associatifs. Ces structures, qui accueillent une proportion importante de patients précaires (20% de bénéficiaires CMU/AME contre 7% dans les cabinets libéraux), font face à un modèle économique inadapté. Le système de paiement à l'acte ne permet pas de maintenir des consultations de qualité, particulièrement pour les patients présentant des pathologies complexes ou nécessitant plus de temps d'accompagnement. La situation est aggravée par l'émergence inquiétante de la financiarisation du secteur, avec l'arrivée de fonds d'investissement qui risquent de privilégier la rentabilité au détriment de la qualité des soins et de l'accessibilité pour tous.
3. Mobilité et transport sanitaire
La question du transport sanitaire constitue un obstacle majeur à l'accès aux soins à Paris. Avec seulement 18 Véhicules Sanitaires Légers (VSL) pour l'ensemble de la ville, de nombreux patients rencontrent des difficultés considérables pour se rendre à leurs rendez-vous médicaux. Cette situation affecte particulièrement les personnes nécessitant des soins réguliers, comme les patients en dialyse ou suivant des protocoles de chimiothérapie. Les alternatives, telles que les taxis conventionnés, présentent des difficultés de remboursement et ne répondent pas toujours aux besoins spécifiques des patients à mobilité réduite. Le coût du transport est identifié comme l'un des principaux facteurs de renoncement aux soins pour les populations les plus précaires.
4. Santé mentale
L'accès aux soins psychiques à Paris est entravé par plusieurs facteurs structurels. La sectorisation de la psychiatrie, unique en son genre dans le système de santé français, crée des obstacles administratifs significatifs, particulièrement pour une population mobile ou sans domicile fixe. Le manque de psychiatres, notamment en secteur 1, rend les soins financièrement inaccessibles pour de nombreux patients. Cette situation est particulièrement problématique pour les populations précaires et allophones, qui cumulent souvent des traumatismes liés à leur parcours et des difficultés d'accès aux soins. Les centres de santé, qui tentent de pallier ces manques, peinent à recruter des psychiatres face à la concurrence du secteur privé.
5. Populations vulnérables
La prise en charge des populations vulnérables nécessite une attention particulière. Paris compte environ 800 mineurs non accompagnés, dont beaucoup sont en attente de reconnaissance de leur minorité, les laissant dans un vide administratif et sanitaire. La situation des personnes sans domicile fixe s'est complexifiée avec l'approche des Jeux Olympiques, entraînant une invisibilisation accrue et un accès aux soins encore plus difficile. Les demandeurs d'asile font face à des obstacles administratifs majeurs, notamment pour l'obtention d'une domiciliation et l'accès à l'assurance maladie, avec des délais d'attente pouvant atteindre plusieurs mois avant l'ouverture de leurs droits.
Leviers d'action et perspectives
Face à ces enjeux, plusieurs pistes d'action ont été identifiées. La municipalité pourrait jouer un rôle clé en développant un soutien financier structurel aux centres de santé associatifs et en mettant en place une politique active de réduction de l'exposition aux perturbateurs endocriniens. Le développement d'une politique de transport sanitaire adaptée et le renforcement des dispositifs de médiation en santé apparaissent également comme des priorités. Pour les populations précaires, la création de dispositifs d'accueil inspirés du modèle mis en place pour les réfugiés ukrainiens et le développement de permanences de soins sans rendez-vous pourraient améliorer significativement l'accès aux soins.
Suites à donner
Ces propositions s'intégreront dans une démarche plus large comprenant l'organisation d'assemblées citoyennes thématiques au printemps 2024. Ces assemblées permettront la mise en dialogue des experts, des acteurs de terrain et des citoyens pour affiner les propositions. L'objectif est d'élaborer des solutions concrètes pour les municipales et de développer un plaidoyer efficace pour faire émerger ces enjeux cruciaux dans le débat public.
Et si vous souhaitez contribuer au développement de la démarche de Paris Collectif dans le domaine de la Santé, vous pouvez rejoindre le groupe thématique dédié ici : https://chat.whatsapp.com/K0mPl1ZXr0ICD3VDsZFlDB
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