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Photo du rédacteurParis Collectif

6 juin 2024, 19h - Rencontre-acteurs de la démocratie à la Maison de la conversation (18e)

Cette rencontre réunissait des acteurs de la démocratie participative, issus de parcours militants, associatifs et professionnels divers et complémentaires. Les échanges ont permis de discuter de plusieurs aspects cruciaux de la démocratie participative, de la représentation citoyenne et des mécanismes pour renforcer l’engagement des citoyens. Ils ont spontanément fait émerger cinq premières grandes thématiques : les modes de participation citoyenne, les défis organisationnels et structurels, la reconnaissance et la valorisation de la participation citoyenne, la défiance envers les institutions, et les perspectives pour l’avenir.


1. Modes de participation citoyenne

Plusieurs formes de participation ont été évoquées, avec des exemples concrets comme :

  • Les Conseils de quartier, qui permettent une implication locale des habitants dans les décisions de leur quartier. Une participante a rappelé son expérience en tant qu’animatrice du Conseil de quartier Hôpital Saint-Louis Faubourg du Temple, où elle a constaté l’importance de ces instances pour créer des espaces d’expression.

  • Les Conventions Citoyennes, notamment celle sur la fin de vie, à laquelle l’une des personnes présentes a participé après avoir été tirée au sort. Cette expérience a suscité une réflexion sur l’opposition entre tirage au sort et élection dans la construction de la représentation citoyenne.

  • Les commissions délibératives en Belgique comme un modèle de participation plus institutionnalisé.


2. Défis organisationnels et structurels

L’un des principaux problèmes soulevés concerne la manière dont les services municipaux et les élus gèrent les processus participatifs. Plusieurs intervenants ont pointé des difficultés :

  • La barrière linguistique entre élus et citoyens a été évoquée en premier : « les élus parlent une langue étrangère » pour certains citoyens, ce qui complique la communication. Les fonctionnaires municipaux, souvent désireux d’interagir avec les citoyens, ne sont pas toujours bien équipés pour répondre aux attentes de participation.

  • L’organisation en silos des services a été identifiée comme un frein majeur, notamment le département démocratie participative, souvent isolé au sein de l’administration. Cela entraîne des processus lourds où il faut « monter et descendre cinq échelons » pour atteindre les services compétents.

  • L'absence de coordination entre élus et services, souvent exclus des initiatives citoyennes, a été soulignée, en particulier dans le cas des assemblées citoyennes. Une fois lancées, ces dernières se heurtent à un manque de soutien des services municipaux.


3. Reconnaissance et valorisation de la participation citoyenne

Un autre axe majeur de la discussion portait sur la manière de valoriser la participation des citoyens, tant en termes de compensation financière que de reconnaissance institutionnelle :

  • La rémunération des participants a été abordée de manière nuancée. Certains ont proposé un modèle progressif, allant de compensations symboliques (places de piscine, musées) à une indemnisation financière plus conséquente pour les engagements plus importants.

  • La question des indemnités pour compenser les pertes de salaires a également été posée. Pour rendre la participation plus accessible, il a été suggéré de créer un statut du citoyen participant incluant des droits spécifiques comme des congés pour participation ou des RTT citoyens.


4. Défiance envers les institutions

Un sentiment de méfiance vis-à-vis des institutions a été largement évoqué par les participants :

  • Certains intervenants ont évoqué la reddition des comptes suite à la Convention Citoyenne sur le Climat. Lors d’une réunion avec le président Macron, ce dernier a félicité les participants, mais les félicitations ont été perçues comme surjouées, ce qui a accru la défiance des citoyens envers les actions gouvernementales.

  • Plusieurs intervenants ont insisté sur la nécessité de dépasser la défiance en impliquant réellement les citoyens dans les décisions et en évitant la multiplication de dispositifs participatifs sans effets concrets. Le manque de confiance des citoyens est lié à des « choses qui déconnent » trop souvent, ce qui nécessite des réformes profondes pour restaurer cette confiance.


5. Perspectives pour l’avenir de la démocratie participative

Enfin, les discussions ont abordé des pistes pour améliorer et pérenniser la participation citoyenne :

  • Il a été proposé de développer une contre-expertise citoyenne financée pour offrir une réponse plus solide aux experts institutionnels. 

  • Des initiatives comme “Voisins Malins” ont été évoquées, où des citoyens rémunérés font du porte-à-porte pour aborder des questions de vie quotidienne, renforçant le lien social et la participation locale.

  • La révision des dispositifs existants a été discutée, avec l’idée de « faire moins mais mieux ». Cela inclurait une simplification des dispositifs de participation et une meilleure formation des agents municipaux, notamment via des fiches de poste adaptées et des réunions planifiées en soirée pour être plus inclusives.


Conclusion

Cette rencontre a mis en lumière l’urgence de repenser les dispositifs de démocratie participative pour les rendre plus accessibles, légitimes et efficaces. La question de la reconnaissance des citoyens participants, via des indemnisations ou un statut spécifique, ainsi que la nécessité de renforcer la coordination entre élus, services municipaux et citoyens, sont des enjeux prioritaires. Pour restaurer la confiance des citoyens et rendre la participation citoyenne durable, il est essentiel de revoir les modes de gouvernance, d’assurer une transparence totale et d’offrir des compensations concrètes aux citoyens engagés.

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