Dans le cadre de sa démarche de co-construction d'un projet écologique, solidaire et démocratique par les habitant.es et pour les habitant.es, Paris Collectif a organisé un atelier participatif « J’irai débattre près de chez vous » dans le café L’Assassin du 11e arrondissement le 8 décembre dernier.
État des lieux dans le 11e arrondissement
Une mixité sociale paradoxale
Les participant.es ont souligné le caractère particulier du 11e arrondissement en matière de mixité sociale. Bien que l'arrondissement soit plus diversifié que d'autres secteurs parisiens (comme les 6e et 7e arrondissements), cette diversité peine à se transformer en véritables interactions sociales. Le quartier apparaît fragmenté, avec des populations qui coexistent sans réellement se mélanger.
Cette situation est particulièrement visible dans certains secteurs comme Bastille, décrit comme un quartier "plutôt bobo" où les revenus élevés créent des phénomènes d'entre-soi. La présence de cinq foyers de jeunes travailleurs dans un rayon de 300 mètres autour du Palais de la Femme illustre cette coexistence sans réelle mixité : ces structures restent peu visibles et leurs résidents interagissent peu avec le reste du quartier.
Les défis de l'espace public
La question des personnes sans-abri est apparue comme une préoccupation majeure, particulièrement sensible pour les familles avec enfants. Les participant.es ont exprimé leur malaise face à cette situation et le sentiment d'impuissance collective qui en découle. La présence de personnes vivant dans la rue depuis des mois aux mêmes endroits, malgré des gestes de solidarité individuels, interroge sur la capacité de la communauté à agir collectivement.
L'entretien et la qualité des espaces publics ont également été évoqués comme des enjeux importants. Les participant.es ont souligné l'importance d'avoir des rues propres et accueillantes, avec du mobilier urbain adapté (bancs, points d'eau) pour favoriser la vie sociale.
Évolution des lieux de socialisation
Les participant.es ont noté la transformation progressive des lieux traditionnels de socialisation. Les cafés de quartier, autrefois espaces de rencontre, tendent à disparaître ou à se transformer. Dans le 11e arrondissement, la culture du "boire un verre" apparaît comme prédominante, au détriment d'autres formes de socialisation.
Les équipements publics comme les écoles, les médiathèques et les conservatoires restent des lieux importants de mixité sociale, particulièrement pour les familles. Cependant, leur capacité à créer du lien social dépend fortement des étapes de vie : les parents d'élèves trouvent facilement leur place, tandis que les personnes sans enfants peuvent se sentir isolées.
Attentes et besoins exprimés
Des lieux de rencontre repensés
Le besoin de lieux de rencontre accessibles et multifonctionnels est apparu comme une priorité. Les participant.es ont évoqué le modèle italien des "case del popolo" (maisons du peuple) : des espaces gérés par le tissu associatif, ouverts à tous et permettant différentes activités, du visionnage collectif de matchs aux activités culturelles.
La nécessité d'avoir des lieux identifiés dans chaque quartier, sur le modèle de "La Trockette", a été soulignée. Ces espaces devraient être suffisamment grands et visibles pour devenir des points de repère dans le quartier, tout en restant à taille humaine pour favoriser les interactions.
Animation et vie de quartier
Les participant.es ont exprimé le souhait de voir se développer davantage d'événements festifs et populaires, à l'image des kermesses municipales qui ont prouvé leur capacité à rassembler des publics divers. La redynamisation de la fête des voisins est apparue comme un levier important, avec une suggestion de faciliter l'utilisation des rues piétonnes pour ces occasions.
Propositions concrètes
Équipements et infrastructures
Plusieurs propositions concrètes ont émergé :
La création de "Trockette" dans chaque quartier
La transformation de locaux vacants, comme l'ancien garage automobile de la rue de la Roquette, en espaces associatifs
La modernisation et le renforcement des MJC existantes, comme la MJC Mercœur
L'ouverture plus large des équipements existants, notamment les écoles le week-end
Aménagement de l'espace public
Les participant.es ont proposé :
L'amélioration de l'entretien et de l'esthétique des rues
La facilitation des démarches administratives pour l'utilisation temporaire des trottoirs par les associations
Le développement des équipements de confort dans l'espace public
La valorisation des marchés comme lieux de mixité sociale
Communication et coordination
Pour améliorer la visibilité des initiatives existantes, plusieurs pistes ont été suggérées :
La création d'un agenda partagé des événements de l'arrondissement
Le développement de cartographies thématiques du quartier
Le renforcement de la signalétique des lieux ressources
La mise en place d'une meilleure coordination entre les différents acteurs associatifs
Conclusion
Ces ateliers ont mis en lumière la complexité des enjeux de cohésion sociale dans le 11e arrondissement. Si la diversité existe, elle peine à se transformer en véritable mixité sociale. Les participant.es ont souligné l'importance d'agir simultanément sur plusieurs leviers : les lieux physiques de rencontre, l'animation de l'espace public et la communication. La réussite de ces actions nécessitera une mobilisation coordonnée des habitant.es, des associations et des pouvoirs publics.
Si vous souhaitez contribuer au développement de la démarche de Paris Collectif dans le 11e, rejoignez le groupe local du 11e (boucle WhatsApp : https://chat.whatsapp.com/BvnrB45ifh2Aq1PQPM1EaY) et contactez Bastua Soimadoune, référente du groupe local 11e (07 61 85 45 34).
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