Le 9 mars 2024, à l'Espace Paris Jeunes Davout (32, bd. Davout - 20e), une rencontre avec une vingtaine de jeunes du 20e arrondissement a fait émerger les besoins et priorités d'action suivants.
Un fort sentiment d'appartenance au quartier
Les participants témoignent d'un attachement profond à leur quartier, principalement nourri par les liens sociaux qui s'y sont développés au fil des années. La solidarité et l'entraide caractérisent particulièrement les relations entre habitants, créant ce que plusieurs décrivent comme un "esprit de famille". Cette proximité sociale semble constituer un repère important pour ces jeunes qui privilégient la stabilité de ces relations à la perspective de nouveaux horizons.
L'arrondissement est également cité comme un territoire apprécié pour sa diversité. Les participants valorisent la coexistence de différentes mentalités et modes de vie entre les quartiers, tout en soulignant l'interconnaissance qui existe entre les jeunes de différents secteurs.
Cependant, les participants regrettent le manque d'espaces et d'occasions pour cultiver cette convivialité. L'impossibilité d'organiser des moments festifs comme des barbecues dans la résidence est particulièrement déplorée, notamment pour les familles ne partant pas en vacances durant l'été.
Une carence préoccupante en équipements et infrastructures
Le sentiment d'abandon domine lorsqu'il s'agit d'évoquer les équipements du quartier. Les participants constatent une dégradation de l'offre au fil du temps, citant notamment le retrait d'aires de jeux qui n'ont jamais été remplacées. Cette situation contraint les habitants à se déplacer vers les quartiers voisins pour accéder à des équipements de base comme des balançoires.
Le personnel d'animation souligne également l'insuffisance des locaux disponibles pour les activités socioculturelles. L'absence d'espaces adaptés limite considérablement les possibilités d'animation et d'activités continues (danse, théâtre, projections de films).
Cette pénurie d'équipements engendre des comportements d'occupation de l'espace peu satisfaisants. Les jeunes se retrouvent contraints de stationner dans les parties communes des immeubles, ce qui génère à la fois un inconfort pour eux-mêmes et une image négative du quartier. Certains évoquent des "fuites" vers d'autres arrondissements de Paris, où l'offre d'équipements est plus développée.
Une demande d'accompagnement vers l'autonomie et le développement personnel
Les témoignages révèlent une forte aspiration à l'autonomie et à l'épanouissement personnel. Les participants reconnaissent que leur environnement favorise une certaine maturité précoce, notamment grâce à la transmission de compétences pratiques (cuisine, courses, garde d'enfants) par les aînés du quartier.
Les préoccupations quotidiennes des jeunes s'articulent autour de plusieurs axes majeurs. La scolarité occupe une place centrale, avec un besoin marqué d'accompagnement tant sur le plan académique que moral. Les participants soulignent cependant un déficit d'information concernant les dispositifs d'aide existants.
L'expression et le développement des passions individuelles constituent également un enjeu important. Les jeunes sont conscients que ces centres d'intérêt pourraient orienter leurs choix professionnels futurs, tout en relevant les inégalités d'opportunités qui persistent dans la réalisation de ces aspirations.
La question des inégalités sociales traverse l'ensemble des préoccupations exprimées. Les participants manifestent une conscience aiguë des disparités qui peuvent affecter leurs parcours respectifs. Cette sensibilité s'accompagne d'une volonté de développer des compétences relationnelles essentielles : apprentissage du dialogue, acquisition d'un "savoir-être", amélioration de la communication interpersonnelle.
Un désir d'ouverture émerge également des échanges, avec l'envie de découvrir d'autres réalités et environnements de vie. Toutefois, les participants reconnaissent que les habitudes et l'ancrage dans leur quartier peuvent freiner cette démarche d'ouverture. L'importance de l'expression personnelle est soulignée comme un levier d'action et de changement, bien que cette prise de parole ne soit pas toujours aisée.
Les discussions révèlent ainsi une jeunesse consciente des enjeux de son développement personnel, désireuse de s'émanciper tout en reconnaissant l'importance des compétences sociales et relationnelles dans ce processus. Les aspirations classiques (emploi stable, sécurité financière) s'accompagnent d'une réflexion plus large sur les conditions de leur réalisation et les obstacles à surmonter.
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