
“Une alimentation solidaire, saine et accessible”, c’est ce qui est ressorti de l’atelier citoyen de propositions “Manger à sa faim et bien”
Le 13 février dernier, Paris Collectif a organisé son premier atelier citoyen de propositions dédié à l’alimentation. L’atelier s’est tenu dans une ambiance détendue et sérieuse à la fois.
Les habitant·e·s et acteur·ice·s du territoire, interrogé·e·s lors de la phase de diagnostic ont été invité·e·s à débattre autour des enjeux qu’iels avaient mis en avant. Dans cette seconde phase, ils ont pu formuler collectivement une série de propositions. Les besoins de solidarité, de plus de démocratie directe et en continue, et d’une envie de réfléchir ensemble se sont exprimés autour de véritables solutions.
Manger à sa faim et bien semble aller de soi, être le “minimum vital”. Pourtant, ce n’est pas la réalité pour tout le monde. Les grands ensembles urbains rendent les écarts particulièrement saillants. L’enjeu pour toutes les personnes présentes était de proposer des dispositifs permettant de donner à chacun·e les moyens de manger à sa faim et d’accéder à une alimentation de qualité, dans la sphère privée comme dans les espaces de restauration collective.
Parmi les propositions formulées par les participant·e·s de l’atelier, la Sécurité Sociale de l’Alimentation (SSA) pour les jeunes de 18 à 25 ans. La SSA a été évoquée comme une piste crédible afin de garantir un accès universel à une alimentation saine. Le financement des petits déjeuners gratuits à l’école ainsi que la gratuité des repas en crèche, école, collège, lycée, université et cantine d’entreprise sont également des pistes envisagées. Un chèque alimentaire destiné à l’achat de produits locaux et bio pour les ménages précaires pourrait renforcer cette dynamique. Des expérimentations de caisses SSA par mairie d’arrondissement ainsi que la création d’un RSA Jeunes alimentaire, sous la forme d’une allocation de 150 euros par mois pour les 18-25 ans, utilisable via un système de caisse SSA, ont aussi été proposées lors des discussions.
Lors de cet atelier beaucoup ont appelé à une pratique plus partagée et conviviale de la cuisine et du repas, moments considérés par beaucoup comme vecteur de liens sociaux, interpersonnels, moteur de la vie collective. Ce constat a mené les participant·e·s a réfléchir autour de solutions concrètes. Parmi elles, il a été mentionné la création de cantines de quartier offrant des repas sains et peu coûteux, avec la possibilité de cuisiner sur place et ensemble. En ce sens, certain·e·s proposent l’ouverture de restaurants associatifs dans chaque arrondissement et l’intégration d’une restauration collective plus engagée face aux défis climatiques. Ces démarches seraient aussi des lieux pour promouvoir l’usage des produits locaux, issus de l’agriculture biologique, équitables et végétariens. Le lieu qui nous a accueilli pour l’événement en est d'ailleurs une parfaite illustration. La Récolte Citadine dans le 20ème arrondissement de Paris est un café-cantine végétarien et bio, où l’on peut aussi faire ses courses et organiser des événements socioculturels.
Au-delà de l’aspect social, l’enjeu écologique a également été jugé crucial. L’alimentation représente 22 % de l’empreinte carbone de notre consommation totale. Elle est le troisième poste le plus émetteur de gaz à effet de serre, après le transport (30 %) et le logement (23 %) (source : Commissariat Général au Développement Durable). En moyenne, en France, l’alimentation engendre 2,1 tonnes de CO2 équivalent par personne et par an, plus de la moitié de ces émissions étant liées à la consommation de produits transformés. Sensibiliser à de meilleures pratiques en matière d'alimentation face à l’urgence climatique et sanitaire est apparu important pour les participant·e·s, et l’accès au bio accessible à tous·tes une solution à développer. Les débats ont mené à la formulation de propositions telles que l’interdiction de la publicité pour la malbouffe et les produits ultra-transformés dans l’espace public. Une démarche qui, selon iels, n’aura de véritable impact que si elle est menée en parallèle d’une politique de sensibilisation et d’éducation ambitieuse, notamment par l’organisation d’ateliers de cuisine collective pour informer les habitant·e·s et favoriser l’entraide alimentaire.
D’autres actions concrètes pourraient compléter ces efforts, comme la mise en place d’un système de récupération des invendus issus de Rungis, des marchés locaux et des magasins, ou encore le soutien à la création de supermarchés coopératifs par arrondissement.
À Paris, adopter un mode de vie plus écologique et une alimentation issue de l’agriculture biologique et locale, tout en soutenant une production plus vertueuse, peut sembler difficile. Pourtant, la vie citadine peut être une opportunité. Grâce à la solidarité dans les quartiers et à des dispositifs ingénieux, il est possible de réduire notre impact environnemental. De nombreuses initiatives restent cependant à mettre en place. Certain·e·s ce soir-là, ont insisté sur la nécessaire harmonisation du tri sélectif et l'obligation du tri des biodéchets, si elle est accompagnée de l’installation plus large de poubelles publiques collectives pour les biodéchets afin d’en faciliter la collecte.
Ces échanges et propositions ont montré à quel point l’alimentation est un enjeu à la fois individuel et collectif, social, écologique et politique dans le quotidien. Les solutions évoquées, qu’elles relèvent de l’entraide locale, du soutien public ou de la sensibilisation, témoignent d’une envie de repenser notre rapport à l’alimentation. Il appartient désormais aux acteurs publics et citoyens de s’emparer de ces idées pour construire une ville plus solidaire et durable, où bien manger ne serait plus un privilège, mais un droit accessible à tous·tes.
Ces propositions sont issues d’un travail collectif mené par toutes les personnes présentes lors de l’atelier citoyen de proposition du 13 février 2025. Elles ont été réfléchies à partir du diagnostic citoyen parisien, fruit de 750 entretiens individuels conduits partout dans Paris, de 35 rencontres citoyennes de proximité intitulées les “J’irai débattre près de chez vous”, et de 25 rencontres acteurs par domaine d’activité / sujet politique. Il sera bientôt temps de décider, collectivement, quel avenir nous choisissons pour notre ville. Durant l’étape suivante, les propositions élaborées lors de ces ateliers citoyens de propositions seront soumises à la délibération collective lors de l’Assemblée citoyenne du 12 mars, qui aura lieu à Césure (13, rue Santeuil, Paris 5ème) à partir de 19h.
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