Un café singulier et accueillant !
Pour notre septième « J’irai débattre près de chez vous », le 1er dans le 14e arrondissement, nous avons été accueillis par le Moulin à Café, café associatif du quartier Pernety. Auto-géré par des habitant.es, le café constitue un très bel exemple de lieu de vie et d’animation de quartier ! Situé sur la place de la Garenne et en bordure du jardin partagé du Lapin ouvrier, le café propose aux habitant.es des activités diverses (soirées jeux, conférences, concerts, théâtre, aide pour Parcoursup, etc.) tout en respectant ses valeurs cœur que sont la bienveillance, la convivialité, le partage, la solidarité et le respect de l’environnement. Un lieu singulier et accueillant, dans lequel ce « J’irai débattre près de chez vous » a été un vrai moment de plaisir !
Une heure avant le début de notre temps d’échanges collectif, les premiers habitué.es arrivent déjà au café. Habitué.es, voisin.es, associatifs, etc. finalement une quarantaine de participant.es s’installèrent peu à peu, entre discussions sur le quartier et assiettes de tajine. Dans une ambiance de cantine populaire, l’équipe du Moulin à Café a introduit la soirée, en rappelant l’importance de la cohésion sociale dans le projet du café, faisant le lien avec celui de Paris Collectif. Après une diffusion d’extraits de témoignages vidéo, nous avons divisé notre joyeuse assemblée en quatre groupes pour entamer les échanges sur Paris et le quartier Pernety.
“L’argent ne remplacera pas l’oxygène”
Autour d’une première table d’échanges étaient présent.es des habitant.es du quartier, bien ancré.es dans la vie locale. Concernant les constats, de la voiture au vélo en passant par les transports en commun, la question de l’usage et de l’espace était au cœur des échanges : « il faut s’organiser autrement, partager les emplacements, les voitures, faciliter les locations et l’usage à des prix accessibles ». Les problèmes de Paris étaient considérés comme les problèmes de nombreuses métropoles et même du pays : qualité de l’éducation, accès au logement, accès à la santé, gentrification… Notamment : « maintenant on ne peut plus se payer un loyer et manger à Paris avec un mi-temps comme c’était le cas quand j’étais jeune » expliquait Françoise. De fait, les participant.e.s ont beaucoup discuté de sujets et d’enjeux qui dépassent les compétences de la ville et de la métropole. En ce sens, la question de la responsabilité imputable à l’individu ou aux structures a été beaucoup débattue.
Certaines propositions concrètes ont également émergé des échanges en ce qui concerne par exemple le recours aux médecines douces, les habitats partagés incluant les seniors, le développement des espaces de gratuité, ou encore une révision de la carte scolaire. Toutes et tous s’accordent pour une plus forte végétalisation de Paris, même si cela ne doit pas être un paravent pour abandonner d’autres transformations plus structurantes. Toutes et tous se sont accordé.es enfin sur deux « slogans » : « L’argent ne remplacera pas l’oxygène » et « Plus de plantes, moins de voitures » !
Le lien social au coeur des discussions
La cohésion sociale a été un sujet fort de la deuxième table d’échanges. Beaucoup ont regretté un Paris dans lequel les gens vivent assez repliés sur eux-mêmes, ne se parlent pas et ne se connaissent pas entre eux. Pour certain.es, il s’agit d’une source d’isolement et même d’insécurité car en cas de problème, on se demande si on peut compter sur ses voisins. Les gens sont pris dans leur routine et ont peu de temps disponible pour les autres, que ce soit dans les faits ou en termes d’énergie. La solidarité et la cohésion sont plus présents dans les immeubles où résident majoritairement des propriétaires occupants : le fait d’avoir un bien commun en partage, dont on partage la responsabilité, crée un esprit de communauté.
Deux propositions ont émergé spécifiquement sur la cohésion sociale et le vivre ensemble : créer des moments et des espaces partagés pour permettre aux habitants de se rencontrer, de s’approprier la ville et de s’en sentir responsable : jardins partagés, fêtes des voisins, tables dans l’espace public, etc. ; et que la ville de Paris modifie les règlements de propriété de ses résidences pour inciter à la convivialité, obliger à l’organisation d’événement participatifs à l’échelle de la résidence, rendre obligatoire la présence de gardiens d’immeubles pour favoriser l’humain.
Pour un espace public plus vert et plus apaisé
La troisième table a tourné autour de trois grandes thématiques : les mobilités, les espaces verts et le logement. Danger pour les piétons et les cyclistes, voirie encombrée, aménagements pas toujours fonctionnels, tensions entre usagers, etc. les problèmes de circulation ont été le premier sujet évoqué par les participants. La densité de Paris et le manque de report par les transports en commun expliquent en partie ces difficultés (même si le 14e arrondissement est qualifié de « bien desservi par les transports »). L’interdiction des trottinettes en location est bien vue mais il faudrait aller plus loin : moins de voitures et moins de bruit, un meilleur maillage des voies cyclables, des rues plus petites et plus apaisées, et plus de transports en commun.
Concernant les espaces verts, le quartier du Moulin à Café (et le 14e en général) est jugé comme bien végétalisé, mais de nombreux autres quartiers parisiens manquent singulièrement d’espaces verts (le 20e est évoqué, notamment par la bétonisation des anciens quartiers ouvriers). Ces transformations ne sont cependant pas jugées assez rapides et globales : « Il faut être plus radical par rapport à la transition écologique : à Paris on va dans le mur ». Il faudrait développer la nature partout où l’on peut le faire : par exemple les façades d’immeubles et les rues.
Les problèmes d’accessibilité au logement et de niveaux très élevés des loyers ont enfin été pointés. Dans certains quartiers, « Paris est devenu une ville d’héritiers ». Pour faire face au problème du mal-logement, les participants préconisent de mettre en place un système de quotas sur les locations meublées et d’aller plus loin sur la transformation des bureaux en logements.
Plus de cafés associatifs dans Paris !
La dernière table a discuté des mêmes thématiques évoquées au sein des trois autres tables, montrant que des lignes de force se dégagent dans nos échanges : le logement (difficulté d’accès, attente trop longue pour pouvoir bénéficier d’un logement social, besoin de rénovation, conversion des bureaux en logements), les transports et la pollution, le manque d’espaces verts, et le besoin d’espaces de « socialisation ». Par son activité et son lien avec les habitant.es, le Moulin à Café démontre par ailleurs le succès des cafés associatifs et leur capacité à tisser du lien dans les quartiers parisiens, notamment vis-à-vis des personnes isolées. Les participant.es ont notamment proposé la mise en place d’autres lieux citoyens analogues au Moulin à Café dans chaque quartier de Paris et plus généralement le développement de la vie de quartier et les initiatives citoyennes.
Un chaleureux merci à l’équipe du Moulin à Café pour l’organisation et le soutien, ainsi qu’à tous les participant.es de cette soirée des plus chaleureuses !
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