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15 juin 2024, 15h - Frères Voisin (15e). J'irai débattre près de chez vous

Photo du rédacteur: Paris CollectifParis Collectif

Alors que, depuis deux semaines, chaque jour, nous étions venus à la rencontre des habitants du quartier de Frères Voisin, nous nous retrouvions enfin en ce samedi après-midi pluvieux à l’Espace de Vie Social Ensemble Frères Voisin pour notre 19e J’irai débattre près de chez vous.

Une quinzaine d’habitant.e.s étaient présent.e.s, la plupart voisin.e.s depuis parfois des dizaines d’années, pour échanger sur leurs observations et leurs ressentis sur la vie dans le quartier et à Paris en général. Malgré quelques divergences, leurs témoignages reflétaient leur affection sincère pour Frères Voisin, ce quartier si singulier et à l’atmosphère familiale, au fond du 15e arrondissement, et à quelques mètres à peine d’Issy-les-Moulineaux.


Un cadre de vie agréable mais un sentiment d’insécurité grandissant

Les avis sur le quartier lui-même étaient partagés. D'un côté, Hamza et Sabri, habitants de longue date, vantaient ses atouts : les petits commerces animés, l'école toute proche, le parc verdoyant à deux pas. Un cadre idyllique en plein cœur de la capitale. Mais pour Hamza, un problème venait ternir le tableau : l'insécurité ambiante, omniprésente. Trop d'agressions au quotidien, une peur constante pour ses proches dès la tombée de la nuit, appelant à plus de surveillance policière et de caméras.


Surpopulation et problèmes de circulation

Au-delà des questions de sécurité, Jordan, un jeune homme temporairement sans emploi, déplorait surtout la surpopulation étouffante de Paris. Les transports engorgés, la cohue permanente le dissuadaient souvent de sortir, réduisant son champ d'activités. Une densité urbaine trop forte que des solutions comme la circulation alternée ne suffisaient pas à résorber selon lui.


L'épineuse question du vivre-ensemble

Mais le sujet déclenchant les prises de parole les plus passionnées fut celui du vivre-ensemble, mis à rude épreuve ces dernières années selon certains résidents. Aissé et Madame El Ouardi, deux habitantes aux longues années de résidence, déploraient un délitement inquiétant du lien social et des valeurs de solidarité d'antan.

Aissé accusait une volonté politique de "diviser pour mieux régner" en concentrant les populations issues de l'immigration dans les mêmes quartiers. Cela favorisait selon elle les stigmates, les tensions interculturelles et l'érosion des solidarités. Madame El Ouardi renchérissait, nostalgique d'une époque où voisins d'horizons divers vivaient en meilleure intelligence et s'entraidant.


Rive droite versus rive gauche ?

Moussa établissait un constraste saisissant entre les deux rives parisiennes. Quand la rive gauche renverrait selon lui à un entre-soi bourgeois, la rive droite serait propice à la mixité sociale et culturelle. Une caractéristique qu'il jugeait plutôt favorable, même s'il admettait une forme de résignation, voire de fatalisme, face aux inégalités observées.


Précarité et conciliation vie familiale - vie professionnelle : le combat des femmes pour l’égalité, pour l'émancipation et contre le manque de volonté politique

C'est une autre habitante, Anne, qui fit le lien entre ce délitement du vivre-ensemble et les défis rencontrés au quotidien par les mères de famille du quartier. Déléguée syndicale, elle pointait du doigt le manque criant de structures d'accueil pour la petite enfance et de solutions de garde abordables. Un frein majeur à l'émancipation professionnelle des femmes que son amie Meriem, jeune maman et caissière au supermarché, confirmait.

Faute d'alternative convenable, cette dernière devait renoncer à toute formation, condamnée à un emploi alimentaire qui ne lui convenait guère. Un cercle vicieux que Françoise, résidente âgée, considérait comme la véritable urgence à résoudre par les pouvoirs publics plutôt que de s'acharner sur des questions clivantes comme l'immigration.


Récréer du lien à tous les âges

Mais alors, comment recréer du lien dans ce quartier pluriel ? Gandhy prônait l'organisation d'événements fédérateurs, hauts en couleurs et en musique pour réunir les différentes composantes du quartier. Françoise suggérait de cibler particulièrement les activités intergénérationnelles afin de ressouder les liens distendus entre anciens et nouveaux arrivants. Quant à Aissé, c'est en donnant une éducation ouverte sur le monde, débarrassée des barrières de la génération précédente, qu'elle espérait voir ses enfants s'épanouir pleinement dans cette société plurielle.


A l'issue de ces riches échanges, certaines convergences s'étaient dégagées : la nécessité de lutter contre l'insécurité, de désengorger la ville, de faciliter la conciliation vie familiale/professionnelle pour les femmes. Mais, surtout, le besoin criant de régénérer un vivre-ensemble mis à mal ces dernières années dans ce quartier éclaté en une myriade d'expériences vécues. Un défi de taille mais combien vital à relever, dans cette mosaïque humaine qu'est ce quartier familial et solidaire de Frères Voisin.




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