Cette première rencontre des acteurs de la culture réunit pas moins d’une quinzaine de personnes, de tous horizons artistiques, afin de dresser un premier état des lieux du monde de la culture, à Paris. La ville « Lumière » est-elle encore si accueillante pour les artistes ?
Point de départ, pour toutes et tous, l’envie de vivre sa passion et de la partager. Beau projet qui nécessite pourtant persévérance dans un univers souvent sans pitié.
Après une formation dans les arts décoratifs, Julien s’implique dans l’audiovisuel. Sans compter ses heures, le plus souvent mal payées, il observe qu’autour d’un « noyau dur » de professionnels bien rétribués une myriade de freelances souvent talentueux s’épuisent et abandonnent.
Marie, originaire de Strasbourg, scénariste acquiesce. « Dans le cinéma, on a tendance à beaucoup exploiter les jeunes et notamment les auteurs. Même s’il y a un mieux avec la décentralisation, la période entre deux contrats reste financièrement difficile pour eux. »
Frédéric, producteur, directeur du festival Clap de Paname, établi à Saint-Ouen (93), s’efforce de pérenniser ses liens avec des auteurs et les produire. Paris, considéré comme le centre de tout ? Cette image doit être revue. « En production audiovisuelle s’imposer dans la capitale est un défi. Des sociétés de production se créent ou s’installent de plus en plus en région. »
« J’ai quitté aussi Paris pour tenter ma chance en Provence-Alpes-Côte d’Azur, reprend Alexandre. Je vais participer à une résidence d’écriture, ce qui aurait été difficile à Paris et en Île-de-France du fait de la concurrence importante. Beaucoup d’appelés et si peu sont retenus. C’est décourageant. »
Pour mener tout projet, comme le rappelle Antoine danseur formé aux côtés de Marie-Pierre Pietragalla « il est indispensable de s’appuyer sur un réseau de contacts professionnels et d’être relayé au sein des institutions à Paris et ailleurs. »
Les régions, nouvelles clés de la réussite loin de Paris? Pour Olivier auteur, metteur en scène, formé au Conservatoire, elles sont au cœur d’un dispositif d’aides que « le monde nous envie ». Alors qu’il travaille exclusivement pour le secteur public, il reconnaît que la décentralisation s’est soldée par une lente érosion pour les scènes nationales. « Oui, s’imposer est difficile mais Paris reste la place où l'on doit se faire connaître. » une opinion partagée par Arthur arrivé de Nouvelle Calédonie, directeur adjoint du studio Müller, une école de formation artistique.
Naïma, directrice de la compagnie Résonance au nord de Paris s’inquiète de la baisse du financement des compagnies locales. « Nous passons trop de temps en tâches administratives, à répondre à des appels d'offres ou devoir satisfaire des demandes d’élus qui ont peu de lien avec nos actions de terrain et alors que nous cherchons en vain des lieux pour répéter et nous produire. »
« En effet, on se heurte à Paris à une question de gestion du foncier, insiste Cécile, agent artistique. Les artistes sont confrontés à la recherche permanente de lieux de représentation, de travail, de répétition. La mairie de Paris en porte une part de responsabilité mais pas à elle seule. Il faudrait mettre à disposition des plateaux plus nombreux pour les compagnies qui sont au cœur des quartiers parisiens. »
Mathilde approuve. Elle représente le Shakirail un lieu culturel et solidaire installé par le collectif Curry Vavart en 2011 sur un site SNCF désaffecté du 18e arrondissement de Paris. « Les financements se réduisent. Les espaces à Paris sont inabordables pour les jeunes créateurs en arts plastiques ou pour le spectacle vivant. Défendre la non-lucrativité de ces espaces est un principe. Nous avons besoin de développer un réseau de tiers-lieux puissant qui accueillent les créateurs, les populations des quartiers, tous les publics afin de découvrir de jeunes créateurs. Soyons solidaires dans tous les domaines. »
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