Le 7 mai dernier, Paris collectif s’est rendu pour la deuxième fois au Café Natema pour un “J’irai débattre près de chez vous” en direction des séniors. A cette occasion, les cacahuètes et gobelets habituels ont exceptionnellement laissé place à pinceaux, pots de peinture et tubes de colle puisque nos séniors étaient dans le même temps affairés autour d’un atelier “arts plastiques”.
Le quartier réunion : un “village” populaire préservé
Tous les participants se sont accordés à dire que le quartier réunion, un peu à la manière d’un village gaulois, avait sû préserver son adn populaire.
Une situation qui tient notamment à sa mixité sociale et culturelle comme l'affirmait Rosine :
“Ici il y a beaucoup de magasins étrangers. On peut faire le tour du monde sans bouger, sans prendre l’avion”.
Une autre participante à également noté que l’urbanisme jouait un rôle clé : “le fait qu’on ait maintenu une part importante de logements sociaux permet de maintenir les couches populaires malgré la hausse de prix. Et contrairement au 14ème qui est très résidentiel ou au quartier Crimée dans le 19ème par exemple où il y a beaucoup de passages de voitures avec de grands axes exposés aux vents, dans notre quartier il y a plein de petits coins où se poser, se retrouver, discuter. Il y a un côté village”.
Un autre habitant confirmait l’importance des infrastructures : “le fait qu’il y ait des PMI et des structures d’accueil aident à maintenir les couches plus populaires dans la vie du quartier”.
Malgré ce caractère village, les plus anciens ont évoqué non sans une certaine mélancolie la vie commerçante d'en temps : “Ça a beaucoup changé depuis 68. Avant il y avait une poissonnerie, une boucherie chevaline. Maintenant c’est fini. C’est plus les mêmes commerçants qu’avant. On a des Mcdo mais aussi plus de bio.”
Paris : une ville pour tous ?
Tous les participants ont partagé leur appréhension face à la montée du coût de la vie à Paris et ses conséquences.
L’animateur de l’atelier d’art plastique témoignait : “Paris ça reste très cher, j’ai dû partir à Joinville en colloc”.
Une des participantes a abondé : “Je vis à Vitry même si j’adore Paris et que j’y viens plusieurs fois par semaine pour le plaisir. Si on veut habiter à Paris, c’est trop cher. Il faut soit avoir un logement social, soit être propriétaire”.
A la question sur les leviers pour rendre le logement à Paris plus accessible, c’est la gestion du logement social qui est revenue comme principale réponse : “les temps d’attente sur les logements sociaux sont trop longs. La conjoncture fait que personne ne veut quitter son logement social. Aujourd’hui si on a un problème de logements, on ne peut plus avoir de rendez-vous avec le maire, il sait qu’il n’a pas de solution à apporter”.
Pour favoriser un plus grand roulement, une participante a suggéré que les 8% des personnes qui gagnent plus de 8000 euros et qui sont dans le parc social sur les tranches supérieures s’en aillent. Et d’ajouter : “A force, les enfants et les familles vont quitter Paris et on va continuer de fermer les écoles. Dans 5/10 ans on aura que des vieux, des riches et des très pauvres”.
Un lien social en question
Un jeune bénévole curieux des échanges et nous ayant rejoint en cours de route a invité tous les participants à interroger l’esprit de solidarité et le lien social à Paris. Selon son expérience, il y aurait des différences fortes entre les quartiers et les arrondissements.
“Dans le 16ème, c’est moins solidaire, coopératif. Quand je sortais des cours à 18h, tout était fermé, il n’y avait plus d’activité, etc. C’est plus une mentalité de vainqueur, vouloir faire de l’argent. Dans le 20ème, tout le monde se connaît. Le fait qu’on soit confronté aux associations de solidarité dès le plus jeune âge, ça fait qu’on est plus sensibilisés et qu’on a plus l’esprit de solidarité”.
Il nous a également parlé de l’influence des réseaux sociaux et de la télévision qui selon lui influencent négativement beaucoup de jeunes, même ceux avec lesquels il partageait des affinités : “De façon générale, c’est compliqué aujourd’hui de débattre de façon apaisée.
Moi je sens quand je parle à mes amis que certains sont très influencés par la pensée masculiniste. Il y a de plus en plus de discours de haine”.
En réponse à ce constat, une participante a suggéré de créer du dialogue et de la rencontre entre tous et notamment entre les parisiens et les personnes de la petite couronne. “Aujourd'hui ça manque de lien et on a une perte de confiance qui contribue à la hausse des tensions et de la violence. Ça pourrait passer par des activités communes. Un centre culturel, etc.”
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